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Dans Un Jardin qu’on Dirait Éternel
Si il y a quelque chose qui sait m’émouvoir, c’est bien la poésie du quotidien.
C’est un thème qui me remplit de bonheur et qu’en tant qu’autrice de bande dessinée, j’ai grand plaisir à illustrer à ma façon, dans la bande dessinée de Bulle.
La poésie du quotidien, c’est aussi ce qui m’a profondément touché et inspiré dans l’oeuvre que je souhaite partager avec vous aujourd’hui : Dans Un Jardin qu’on Dirait Éternel.
Dans Un Jardin qu’on Dirait Éternel : Rien ne dure, rien n’est fini, rien n’est parfait
Dans Un Jardin qu’on Dirait Éternel est un film japonais qui célèbre la beauté fugace du quotidien à travers le genre de la tranche de vie.
On va suivre Noriko, une jeune japonaise de 20 ans dans un long voyage d’introspection qui la conduit vers sa vie d’adulte, le tout, rythmé par la citation Nichinichi kore kōnichi (日々是好日) qu’on peut traduire par “Chaque journée est une bonne journée » ou « Essayer de vivre chaque jour d’une manière qui a du sens ».
Noriko se définit elle-même comme une personne sérieuse, raisonnable et travailleuse. Ah oui, et elle se dit aussi… Maladroite ! Ayant terminé ses études universitaires et restant indécise sur ce qu’elle souhaite faire ensuite, Noriko va accepter de s’initier à l’apprentissage de la cérémonie du thé en compagnie de sa cousine Michiko.
Pour gagner, il faut parfois tomber
La cérémonie du thé est un art traditionnel japonais fait de rituels ancestraux dont les deux cousines essayent, tant bien que mal, d’apprendre les codes… Le tout sous notre regard réjoui et compatissant !
L’art du thé s’est avéré très difficile.
J’avais l’impression d’être un bébé qui ne savait rien.
Mme Takeda s’est progressivement éloignée de nous pour devenir Maître Takeda.
Saurais-je me montrer persévérante ?En effet, les japonais, avec leur goût pour la minutie, ont élevé le simple geste de boire du thé au niveau d’un art, allant jusqu’à codifier cette pratique dans ses plus infimes détails.
Les mouvements de Maître Takeda étaient fluides.
C’était comme si une source de montagne s’écoulait en moi.
C’était agréable et ça m’a rafraîchi l’esprit.On dit qu’il faut une vie entière pour maîtriser cette discipline qu’on appelle aussi « La Voie du thé ».
Dans son ouvrage « Dictionnaire amoureux du Japon« , Richard Colasse nous explique :
L’étude de la cérémonie du thé, débute par une observation patiente de la pratique des aînés et du Sensei, suivie d’une répétition ad nauseam des gestes décomposés en autant de séquences jusqu’à ce que l’esprit de chacun d’eux vous imprègne au point de les oublier.
Ne réfléchis pas avec ta tête. N’apprends pas, imprègne-toi.
À force de pratiquer, tes mains finiront par bouger toutes seules.C’est un apprentissage fastidieux car on ne sait jamais quand la fusion du geste à l’esprit se produit. Seul le Maître peut la déceler.
Tu sais, ça fait un moment que je me le dis, mais quand tu tiens la louche, ta main fait assez grossière.
Essaie de la tenir plus délicatement.
Tu es là depuis plus de dix ans.
Il est temps que tu y mettes du tien.Il faut s’attendre à passer de longues années de cours, douloureusement agenouillé sur une natte, pour gravir un à un les six échelons eux-mêmes divisés en plusieurs sections au bout desquels on obtiendra enfin à son tour son nom de maître de thé Chamei et la qualification de Sennin Kōshi, approximativement traduit par “Titulaire”.
Chaque jour est un bon jour
On se laisse emporter dans cette histoire qui voit s’entremêler des scènes de la vie quotidienne de Noriko ponctuées par son apprentissage de la cérémonie du thé. Au fur et à mesure du récit, Noriko va finir par toucher ce que les japonais appellent le Ichi-go Ichi-e ( 一期一会) qui s’approche approximativement de notre Carpe diem.
Quelque chose changeait à l’intérieur de moi. C’est un bol fait main par l’illustre Raku Ryônyû IX.
Observez-le soigneusement.
Son poids, sa texture, ses courbes qui épousent naturellement la main.
Voyez autant de bols que possible.
Nourrissez vos yeux.Chaque moment passé autour d’un thé est unique et vous devez chérir ces moments en leur apportant tout le soin nécessaire.
Même si vous servez toujours le thé aux mêmes personnes, chaque cérémonie est unique car une même journée ne revient jamais deux fois.
Préparez toujours le thé comme si c’était la seule et unique fois de votre vie.Le son de l’eau s’est propagé dans tout mon corps et mon esprit
Le film Un Jardin qu’on Dirait Éternel a aussi réussi l’exploit de titiller mes 5 sens !
Le temps qui est suspendu, la lumière, les couleurs, la température, l’humidité, la brise, les intempéries et l’alchimie subtile entre les personnages sont autant d’images qui nous font ressentir le raffinement de la cérémonie du thé, dite Chanoyu (茶の湯) ou sadō (茶道) en japonais.
Célébration de la beauté fugace
Pour conclure, ce film contemplatif m’a profondément touchée et m’a procuré un incroyable sentiment de sérénité. Il fait l’éloge de la lenteur, met le focus sur les petits riens, les petites choses qui savent nous émouvoir et a même réussi à m’arracher quelques larmes ☆☆☆
Je le vois comme un film-doudou, parfait pour une soirée d’hiver ou un dimanche pluvieux !
Tous les événements de la vie surviennent brutalement.
Hier comme aujourd’hui.
On ne peut jamais s’y préparer.
Puis le temps fait son œuvre et on apprend à vivre avec son chagrin.Dans Un Jardin qu’on Dirait Éternel – Informations
Dans Un Jardin qu’on Dirait Éternel (日日是好日, Nichinichi kore kōjitsu) est un film dramatique japonais réalisé et scénarisé par Tatsushi Ōmori d’après l’essai autobiographique homonyme de Noriko Morishita publié en 2008.
Ce film est sorti au Japon en 2018 et en France le 26 août 2020.
Acteurs principaux : Haru Kuroki, Kirin Kiki et Mikako Tabe.
Notre monde est fait de choses faciles à comprendre et d’autres qui nécessitent du temps.
Les choses faciles à comprendre n’ont pas besoin qu’on s’y attarde.
Tandis que les choses plus difficiles ne se révèlent à nous qu’à force de temps et de patience.Ci-dessous, la bande-annonce du film :
Je vous remercie d’avoir lu cet article et j’espère qu’il vous aura donné envoie de voir ce film !
À bientôt !
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Marie Spénale dans le Podcast Auriculaire
Dernière mise à jour : Novembre 2022
Il y a quelques mois j’ai découvert ce podcast : Auriculaire
C’est quoi un Podcast ?
Mais c’est quoi un « Podcast » ou « Balado diffusion » au Québec ?
C’est une émission généralement produite par des passionnés.
Le ton est très souvent convivial et l’auditeur plonge au coeur de conversations qu’ils pourrait avoir avec ses amis.
Et, cerise sur le gâteau, en s’abonnant à un podcast on reçoit automatiquement les nouveaux épisodes dès leur parution !
Marie Spénale invitée du Podcast Auriculaire
Auriculaire est un podcast indépendant qui donne la parole aux autrices de bandes dessinées, qu’elles soient scénariste, dessinatrice ou encore coloriste.
Ce podcast est animé par la journaliste Elise Ponce qui propose aux auditeurs de découvrir le parcours, les histoires et les aspirations de ses invitées, toutes autrices de bande dessinée.
Étant moi-même autrice de bande dessinée, je ne pouvais pas trouver podcast plus ciblé 😀
Mais si je vous parle de ce podcast aujourd’hui, c’est que j’ai adoré l’épisode ou Elise Ponce reçoit Marie Spénale !
Photo © Podcast AuriculaireDans un au autre article, je vous parlais des chouettes vidéos YouTube de Marie Spénale, c’est donc tout naturellement que je vous invite à l’écouter maintenant parler de son parcours et de son métier d’autrice de bande dessinées !
Mettez vos écouteurs !
Pour moi un podcast ça se savoure au creux de l’oreille ♡Et voilà ci-dessous quelques morceaux choisis :
Continuellement tester de nouvelles choses pour progresser
En tant qu’illustratrice il y a un peu cette frustration d’être en fin de chaine pour apporter de la décoration à un livre.
J’aime bien faire ça, mais parfois ça manque un peu de sens.
Du coup ça m’intéressait de commencer à réfléchir à mes propres histoires. C’est quelque chose que je ne savais pas faire et ça m’intéresse toujours de faire de nouvelles choses sinon je ne progresse pas.Partager son travail sur Internet
J’ai commencé en postant mes BD sur mon blog (…) ce qui m’a permis de garder une certaine liberté.
Je sais qu’à d’autres époques on débutait en allant porter ses planches de BD à un magazine. Je pense que cela ne m’aurait pas trop convenu. Ça aurait été bien plus compliqué pour moi si j’avais du commencer en m’imposant, en étant très sûre de moi dès le départ.
Alors qu’en commençant cachée chez moi, j’ai pu prendre un peu confiance et m’améliorer.
Photo © Marie SpénaleLes femmes et la BD
Le fait d’avoir Internet c’est une aide pour notre génération et à mon avis ça participe au fait que, tout d’un coup, il y a beaucoup de femmes qui font de la BD. Je pense vraiment que c’est grâce à Internet.
Conceptualiser
Réaliser les dessins c’est la partie qui m’intéresse le moins.
Ce qui m’intéresse, c’est conceptualiser ce que je vais raconter, comment je vais le raconter, quel dessin je vais utiliser et comment je vais dessiner.Photo © Marie Spénale
Scénariste-dessinateur
Je n’aime pas la séparation « auteur-dessinateur », je préfère « scénariste-dessinateur » parce qu’il me semble qu’on est autant auteur lorsqu’on dessine une bande dessinée que lorsqu’on la scénarise.
À propos des réseaux sociaux
Aujourd’hui, on est très dépendant des plateformes de réseaux sociaux.
On a l’impression qu’il va falloir avoir beaucoup d’abonnés pour exister et donc on va vouloir formater son contenu pour continuer à être lu. Ce qui est vrai. Mais c’est un piège dans le sens ou on se retrouve avec beaucoup de contenus qui se ressemblent en ce moment.Photo © Marie Spénale
Rester soi-même
On voit beaucoup l’émergence d’une bande dessinée dans laquelle on raconte des anecdotes qui vont parler à tout le monde.
C’est vraiment là qu’on a le + de likes aujourd’hui sur Instagram, sur twitter.
Et c’est dur, moi je sais que je suis assez influençable et il faut rester droit malgré tout. Il faut garder le cap sur ce qu’on a vraiment envie de faire, ce qu’on a vraiment envie de raconter.Ne pas avoir peur de décevoir les gens
Ce qui marche sur Internet, c’est lorsqu’on fait tout le temps la même chose.
Et c’est vrai, c’est comme ça que ça marche : les gens s’abonnent à toi parce qu’ils ont vu un truc qu’ils aimaient et ils veulent le revoir.
Ils veulent voir la même chose encore et encore. Mais c’est pas vivable.
Il faut comprendre qu’on va devoir décevoir des gens.
Moi ça fait plusieurs mois que je perds des abonnés sur Instagram et en fait c’est assez libérateur. Je retrouve une liberté.
Photo © Marie SpénalePromouvoir un album de BD, c’est le travail de l’éditeur
J’ai l’impression qu’en ce moment les éditeurs font un peu trop attention à Internet et aux likes alors que je ne suis pas sûre qu’il y ai une vraie réalité marchande. Mais c’est vrai que certains éditeurs sont impressionnés lorsqu’ils voient qu’on a des abonnés. Je sens que ça peut aider.
C’est aussi un piège. Parce qu’on va aussi beaucoup déléguer la promotion des albums aux auteurs de bande dessinée. Pour mon livre « Heidi au printemps » il y a eu des services presse, mais après le reste, c’est beaucoup passé par mes réseaux sociaux. C’est pas mon travail.Quelques liens :
Le podcast Auriculaire
Le compte Instagram du podcast Auriculaire
Le blog de Marie Spénale
Le compte Instagram de Marie SpénaleVoilà !
J’espère que vous aurez eu plaisir à découvrir cette entrevue de Marie Spénale.À bientôt !
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